La Rançon de la gloire by M.C. Beaton

Auteur:M.C. Beaton [Beaton, M.C.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Écosse, Littérature anglaise
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2023-03-29T07:50:58+00:00

9

« Je te fabriquerai des broches et des joujoux

Tissés d’un chant d’oiseau le matin, d’un éclat d’étoile le soir.

Je bâtirai un palais pour toi et moi

Taillé dans le jour vert des forêts et le jour bleu des mers.

Je ferai ma cuisine, tu auras ta chambre,

Où blanchit la rivière, où scintille le genêt. »

R. L. Stevenson

Carson lut le rapport d’Hamish avec irritation. Depuis le meurtre de Felicity, il considérait le policier de Lochdubh comme un imbécile dont les exploits avaient été surévalués. Quoi qu’en pensaient les habitants du cru, ce type n’avait rien d’un fin limier !

Pourtant, une fois de plus, ce policier municipal n’avait-il pas découvert un indice important, une pièce du puzzle qui avait échappé à toute l’équipe de la P.J. ? Carson soupira. L’heure était venue d’avoir une sérieuse conversation avec cet olibrius.

Hamish sortait du poulailler, vêtu d’une vieille chemise et d’un pantalon crasseux, un seau de grain vide à la main, quand l’inspecteur-chef se gara devant le poste de police.

– Vous n’êtes pas en uniforme ce matin ? bougonna Carson en poussant la barrière qui donnait sur le jardin.

– Eh bien, non, admit Hamish avec un franc sourire, signe qu’il était sur le point de mentir. C’est mon jour de congé.

– Au beau milieu d’une enquête sur un double meurtre ? Tous les congés sont suspendus, agent Macbeth.

– Vraiment ? fit Hamish en posant le seau dans l’herbe. Et moi qui pensais avoir reçu l’ordre de ne plus me mêler de cette affaire !

Carson lui lança un regard agacé. Grand et mince, Hamish avait un visage avenant et des yeux noisette frangés de cils épais. Ses cheveux, d’un roux flamboyant, aimantaient le regard. Aucun policier digne de ce nom ne devrait avoir des cheveux de cette couleur ! songea Carson avec humeur.

– J’ai lu votre dernier rapport, reprit-il. J’aimerais en discuter avec vous.

– Je viens de préparer du café, inspecteur. Il est encore chaud. Entrez.

Carson le suivit dans la cuisine. Il s’assit et observa les lieux. La pièce sentait le chien mouillé et le feu de bois. La table était couverte d’une nappe à carreaux rouges et blancs. Fixées au mur, des étagères peintes en blanc servaient à ranger les verres et la vaisselle. Dans le coin, un poêle à bois dispensait une chaleur agréable. Accrochée au-dessus de la porte, une vieille pendule émettait un tic-tac réconfortant. La fenêtre ouvrait sur un pré dans lequel broutaient quelques moutons.

– Ces bêtes sont à vous ? demanda-t-il.

Le policier acquiesça.

– Les moutons ne rapportent plus grand-chose de nos jours, commenta Carson.

– Oui, et j’en suis bien triste.

Hamish remplit deux tasses de café et les posa sur la table. Puis il sortit une bouteille de lait du réfrigérateur, en versa dans un pichet, qu’il posa près des tasses, avec un petit bol rempli de sucre.

– Plus je garde ces moutons, expliqua-t-il, plus ils acquièrent un tempérament bien à eux. Je n’aurai bientôt plus le cœur de m’en séparer, et ils mourront dans mon pré de leur belle mort.

– Je ne vous imaginais pas si sentimental !

– J’ai l’esprit pratique, inspecteur.

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